La citoyenneté et son double : les conceptions de la citoyenneté dans les programmes et les manuels d'histoire des écoles secondaires anglophones et francophones de l'Ontario et du Québec, 1970-1995
Année :
2001
Auteur(e) :
Maison d'édition :
, Université Laval
Résumé
L'enseignement moral public, c'est-à-dire l'ensemble des principes et des savoirs relatifs à la vie publique que l'État cherche à transmettre par l'école afin d'influencer les attitudes et les conduites des individus, peut insister soit sur la citoyenneté, qui suppose l'égale dignité des êtres humains, soit sur la nationalité, qui implique l'assignation d'une "identité collective", d'une appartenance à un groupe fondé sur l'origine, la langue, le territoire ou tout autre critère. Il peut préconiser le civisme ou le nationalisme (ou toute autre forme d'identitarisme) comme normes pour la vie publique. Cette thèse porte sur l'analyse des conceptions de la citoyenneté proposées par les contenus d'enseignement et, plus spécifiquement, sur le repérage et la comparaison des éléments civiques et identitaires qui ont été développés dans les programmes et les manuels d'histoire obligatoire destinés aux élèves des écoles secondaires anglophones et francophones de l'Ontario et du Québec de 1970 à 1995. Elle délimite le concept de citoyenneté et élabore des types idéaux susceptibles de départager l'enseignement moral public de la citoyenneté et celui de la nationalité. Elle propose une analyse descriptive des structures scolaires mises en place en Ontario et au Québec à partir du 19e siècle et elle compare les programmes d'histoire obligatoire implantés dans les écoles secondaires de ces deux provinces depuis les années 1970. Elle présente ensuite les résultats de l'analyse qualitative de manuels qui correspondent à ces programmes. La comparaison montre que l'enseignement moral public diffère suivant les groupes auxquels il s'adresse. Les programmes et les manuels d'histoire nationale ontariens destinés aux anglophones et aux francophones valorisent le civisme et le pluralisme identitaire. Les programmes québécois pour leur part introduisent certaines notions de civisme dans le cours obligatoire d'histoire générale, mais ils insistent par la suite sur l'histoire du Québec. Les manuels en français s'emploient alors à construire la nation politique québécoise, au nom d'intérêts particularistes. Ce faisant, ils dévalorisent l'ordre constitutionnel canadien et préconisent le nationalisme comme norme pour la vie publique. Leur présentation de la communauté imaginée québécoise s'inspire peu à peu cependant du pluralisme identitaire caractéristique des programmes et des manuels ontariens et des manuels québécois en anglais. Ces derniers ne contestent pas les constructions identitaires et rationnelles-légales de l'État canadien, ni celles de l'État québécois. La conclusion de la thèse formule des propositions pour un enseignement moral public centre sur le principe de citoyenneté.
Thème :
CitoyennetéÉducationHistoire et folkloreInstitutionsOntarioQuébec
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