Perceptions linguistiques à Montréal
Année :
2001
Auteur(e) :
Maison d'édition :
, Université de Montréal
Résumé
Cette thèse cherche à déterminer les facteurs qui influencent la différenciation des perceptions linguistiques à Montréal. Les appartenances à des groupes, qu'ils soient linguistiques, sociaux ou identitaires, sont systématiquement analysées en fonction de l'influence qu'ils exercent sur cette différenciation. Cette étude est la première à combiner ainsi plusieurs déterminants, dont la langue, ainsi que plusieurs dimensions de perceptions (épi) linguistiques, afin d'extraire une explication de leur différenciation auprès d'un échantillon probabiliste de la population montréalaise. Le rôle de la langue maternelle, considérée traditionnellement et implicitement comme la principale source des différenciations perceptives, occupe une place particulière dans cette recherche. Durant l'hiver 1995/1996, nous avons mené une enquête par questionnaire auto-administré auprès d'un échantillon aléatoire et représentatif de la population du centre de l'île de Montréal (352 questionnaires remplis). Ce questionnaire s'inspire d'une analyse de la situation plurilingue et ségrégationnelle de Montréal, tout comme d'études antérieures qui nous ont suggéré les déterminants possibles et les différents visages de la perception linguistique. Notre enquête comporte ainsi six regroupements de déterminants (caractéristiques socio-démographiques, langue, origine, appartenance minoritaire, contact interlinguistique et identifications) ainsi que quatre dimensions de perceptions linguistiques (l'évaluation des langues, la perception de la norme linguistique, l'évaluation de la situation linguistique de Montréal et la perception d'une association socio-économique avec le français et l'anglais). Nous avons effectué des analyses bivariées et multivariées afin d'extraire les explications d'une différenciation des perceptions. Trois des résultats de la thèse sont à relever: premièrement, les déclencheurs des perceptions différentielles suivent un schème triangulaire: les regroupements sociaux (par exemple l'origine) influencent les perceptions, non pas directement, mais via différentes identifications (notamment régionales et linguistiques) des Montréalais. Deuxièmement, la langue maternelle se révèle moins prédictrice que prévu; elle influencerait généralement aussi les perceptions à travers des identifications choisies. Troisièmement, les perceptions linguistiques varient surtout en fonction de l'association socio-économique que les langues (le français québécois ou l'anglais) véhiculent et de la place normative et sociale qu'elles occupent au sein de la communauté. La différenciation des perceptions linguistiques est ainsi liée au contexte urbain qui, à Montréal, est depuis trois siècles le lieu d'une ségrégation économique associée aux langues. Plus généralement, ces résultats suggèrent un certain reflet de la réalité urbaine préexistante dans les perceptions des principales langues. Les perceptions des Montréalais ne sont pas influencées par leurs appartenances sociales, linguistiques ou identitaires quand il s'agit d'observer cette ségrégation. Par contre, la perception des conséquences de cette ségrégation, au niveau linguistique et socio-économique, est objet d'une grande différenciation qu'animent surtout les identifications.
Thème :
LinguistiqueQuébec
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