Pourquoi les anglo-québécois quittent-ils la province?
Année :
2005
Auteur(e) :
Volume et numéro :
, 26
Revue :
, Journal of Eastern Townships Studies / Revue d’études des Cantons de l’Est
Pages :
, 9
Résumé
La problématique généralement abordée dans la littérature, celle qui inquiète, est la migration des Anglo-Québécois vers les autres provinces canadiennes. En effet, la migration interprovinciale est liée à la chute démographique du groupe anglophone4. Ce déclin, que Locher appelle « un des grands événements dans l'histoire démographique du Canada », remonte aussi loin que l'époque de la Confédération5. Cependant, c'est vers la fin des années 1960 que la migration a davantage contribué à la décroissance du nombre d'Anglo-Québécois, la période critique étant celle de 1976-1981(6). Les chercheurs associent cette baisse marquée à la Révolution tranquille et aux différents événements politiques et législatifs survenus dans les années 1970, tels l'élection du Parti québécois en 1976 et l'avènement de la loi 101 en 1977(7). C'est à partir de cette décennie mouvementée que la migration des Anglo-Québécois a commencé à être étudiée. Depuis les années 1980, la migration vers les autres provinces s'est davantage stabilisée, mais la proportion d'Anglo-Québécois diminue toujours8. En 2001, 8,3 % de la population du Québec déclarait l'anglais comme langue maternelle, 10,5 % affirmait parler l'anglais le plus souvent à la maison et 12,9 % avait l'anglais comme première langue officielle parlée9. L'impact de la langue maternelle sur les migrations entre le Québec et les autres provinces canadiennes fait consensus auprès des chercheurs. En effet, c'est cette variable qui déterminerait en majeure partie la migration interprovinciale observée au Québec : les anglophones du Québec émigrent davantage que les francophones et les allophones40. Les mêmes constatations s'observent chez les jeunes Anglo-Québécois. Par exemple, l'étude quantitative d'[Vered Amit-Talai] (1993) révèle que les étudiants des écoles françaises sont plus enclins à vouloir migrer à l'intérieur du Québec que les étudiants des écoles anglaises; ces derniers manifestent davantage le désir de quitter la province de Québec. Locher (1992), qui a lui aussi mené une étude quantitative, constate que les anglophones sont plus nombreux à manifester l'intention de migrer hors du Québec. Cependant, il conclut que la langue maternelle a seulement un impact mineur sur les intentions de migrer exprimées par les membres de son corpus; cette variable n'explique qu'une petite fraction du phénomène. Le faible impact de cette variable est dû au fait que les intentions de quitter le Québec sont généralisées à l'ensemble du corpus, c'est-à-dire même au groupe des jeunes francophones. Amit-Talai (1993) a également découvert que les catégories linguistiques ne sont pas le principal facteur explicatif des intentions de migrer. Elle conclut ceci : « If therefore we are going to continue to use categories such as English or French-speaking, we should be careful not to confuse classification with cause41. » Le réseau social semble avoir un impact sur la migration interprovinciale des Anglo-Québécois. Lo et Teixeira (1998) soulignent que les liens sociaux à l'extérieur de la province que possèdent les non francophones qu'ils ont interrogés constituent un facteur explicatif de leur émigration future. Cependant, les répondants qui prévoyaient quitter le Québec dans les cinq prochaines années ont expliqué leur décision par le besoin de rejoindre des membres de leur parenté dans une proportion ne s'élevant qu'à 14 %. Les résultats obtenus par Lo et [Carlos Teixeira] auprès des résidants de Notre-Dame-de-Grâce révèlent plutôt que les intentions migratoires des Anglo-Québécois s'expliquent surtout par des facteurs économiques et politiques. Locher (1988), qui a mené une enquête sur l'ensemble des Anglo-Montréalais, affirme qu'un manque de parenté au Québec influence très peu les mouvements migratoires des Québécois anglophones; le réseau familial n'est donc pas la principale cause de leur départ massif. Par contre, l'absence de parents augmenterait la propension des anglophones à quitter le Québec.
Thème :
Anglophones au QuébecImmigration
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