Au Canada, les communautés francophones à l'extérieur du Québec constituent de petites minorités dans un environnement majoritairement anglophone. Dans ces communautés, les francophones revendiquent le français comme langue identitaire tout en étant bilingues par nécessité. Auparavant connoté négativement, selon la perception dont il fait l'objet au Québec, le bilinguisme des communautés franco-canadiennes prend une toute autre valeur dans le contexte d'une mondialisation où il acquiert une plus-value incontestable. Qui plus est, s'il est perçu comme agent corrupteur du français dans un contexte où le français est la langue véhiculaire, le bilinguisme devient un instrument de résistance dans un contexte où l'anglais domine et où il constitue la condition sine qua non pour demeurer francophone. L'hétérolinguisme qui en résulte dans les répertoires franco-canadiens semble s'accentuer plus on se déplace de l'Ontario vers l'Ouest. Affiché dans certaines productions telles que Je m'en vais à Régina de Roger Auger, Cow-boy poétré de Kenneth Brown et Sex, Lies et les Franco-Manitobains de Marc Prescott, cet hétérolinguisme exprime une spécificité linguistique au sein des dramaturgies d'expression française du Canada. Pour rejoindre un plus vaste public, certaines pièces sont récemment présentées avec des surtitres anglais qui permettent d'explorer de nouvelles esthétiques interculturelles nourries à même les conditions de vie propres aux francophones en situation minoritaire.

In Canada, Francophone communities outside Quebec constitute a small minority in a mainly anglophone environment. In these communities, French is seen as an identity language by francophones who are bilingual out of necessity. The bilingualism of the Franco-Canadian communities, previously invested with the negative connotations specific to Quebec's perception of it, takes on a different added value within the context of globalisation. Furthermore, if it is seen as a corrupting influence on French within a context where French is the vehicular language, bilingualism becomes an instrument of resistance in a predominantly English context where it constitutes a condition sine qua non for remaining francophone. The resulting heterolingualism of Franco-Canadian drama seems to be increasingly accentuated as one moves westward from Ontario. On display in certain productions such as Roger Auger's Je m'en vais à Régina, Kenneth Brown's Cow-boy poétré and Marc Prescott's Sex, Lies et les Franco-Manitobains, this heterolingualism represents a linguistic specificity within Canada's French-language drama repertoires. In order to reach a larger audience, certain plays have recently been presented with English surtitles that enable an exploration of new intercultural aesthetics inspired by the realities of life for Francophones within a minority context.