L'espace comme signe identitaire : une étude des fonctions syntagmatiques de l'espace dans la dramaturgie anglo-québécoise depuis les années 1970.
Year:
2005
Author :
Publishing Company:
, Université du Québec à Montréal
Abstract
Si la Révolution tranquille a ébranlé la société franco-québécoise jusqu'à ses fondements, son impact sur les autres communautés culturelles au Québec a été aussi profond. En plus d'être dans une situation identitaire précaire, ces communautés sont dorénavant appelées à se réajuster dans leur rapport à l'identité canadienne, déjà problématique au Québec, et dans leur rapport à une société québécoise qui s'est donné les appareils d'un espace national. Par ailleurs, cette transformation dans l'espace/Québec/entraîne, avec le temps, un changement dans l'imaginaire de ces communautés et une refonte de leur bassin référentiel principal. Ces changements dans l'espace imaginaire des Québécois provoquent un changement dans les rapports spatiaux que les habitants, anglophones comme francophones, ont avec l'État et, surtout, les uns avec les autres. Là où les anglophones ont toujours fait partie de la majorité canadienne, la rupture dans l'espace franco-canadien crée ainsi deux nations francophones à l'intérieur de l'espace/Canada/et relègue les anglophones au statut de minorité linguistique à l'intérieur d'un espace/Québec-nation/administré par un gouvernement séparatiste. Dans cette étude, nous voudrions examiner les textes dramatiques de la communauté anglo-québécoise afin de déceler l'impact de ces réaménagements spatiaux sur la façon dont elle gère l'espace dans des œuvres produites à partir des années 1970. Si, comme le proposent, entre autres, Anne Ubersfeld et Patrice Pavis, l'espace théâtral est le lieu 'où figurent transposées les conditions concrètes de la vie des hommes', le chercheur doit être en mesure de tisser les liens entre les faits socio-historiques et le signe spatial. Nous parlons, en effet, du signe spatial en tant que signe identitaire. Nous avons choisi le genre dramatique comme cible de notre investigation par intérêt personnel, mais aussi à cause du rôle fondamental que joue l'espace dans le processus de mimesis et dans l'aspect oral du genre dramatique qui rend presque immédiat tout ajustement par rapport aux phénomènes socioculturels en pleine mutation. Cette thèse vérifie quatre hypothèses: d'abord, nous proposons que le signe spatial, ainsi que les chaînes référentielles construites à partir des signes spatiaux, portent en eux les éléments identitaires de leur producteur, isolables au point de pouvoir les attribuer à une identité spécifique. Cette spécificité se trouve autant au niveau de la structure profonde qu'au niveau de la représentation de l'espace mimétique, diégétique et linguistique dans le texte et sur la scène. Pour illustrer cette hypothèse, nous étudions le fonctionnement du signe spatial et la façon dont l'identité du dramaturge influe sur l'interprétant, affectant ainsi la lecture que nous faisons de la relation entre l'objet et le fondement du signe triadique. La deuxième hypothèse veut que les bouleversements dans la société québécoise et le subséquent remaniement essuyé par l'imaginaire anglo-québécois depuis la Deuxième Guerre mondiale, seraient, pour des raisons déjà mentionnées, forcément détectables dans la production théâtrale des anglophones au Québec. Afin de démontrer les liens entre les configurations spatiales et les événements qui ont marqué la société québécoise depuis la Révolution tranquille, nous avons relevé les faits historiques correspondant au moment où l'espace surgit. Comme troisième hypothèse, nous proposons que depuis les années 1970, émerge un discours spécifiquement anglo-québécois, autonome et parallèle au discours canadien. Pigeant dans le bassin référentiel des Franco-Québécois, ce discours serait la manifestation d'une identité québécoise de langue anglaise émergente, un produit des réaménagements dans l'espace québécois. Pour illustrer ce point, nous décrivons le signe spatial tout en soulignant la différence de sens selon la valeur identitaire que donne le lecteur/spectateur à l'interprétant du signe triadique. Finalement, la quatrième hypothèse désigne ' Balconville' de David Fennario comme point de rupture entre le canon théâtral canadien et celui des Anglo-Québécois. Nous proposons ici que les Anglo-Québécois ont connu un point tournant dans l'évolution de leur espace imaginaire, semblable à celui connu par la communauté franco-québécoise et marqué par la production des 'Belles-sœurs' de Michel Tremblay. Fennario, comme Tremblay, brisera la structure dominante du canon théâtral canadien afin d'établir la communauté anglo-québécoise comme distincte de celle des Anglo-Canadiens.
Theme :
Quebec AnglophonesArts - Culture - Heritage - MusicIdentityCultural Identity
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