Variation morphonologique dans le français parlé des adolescents de North Bay, Ontario
Année :
1995
Auteur(e) :
Maison d'édition :
, University of Toronto
Résumé
Dans cette thèse, on étudie l'effacement du /l/ des pronoms et des articles (i(l) va, e(lle) va, je (l)es vois, dans (l)a maison) dans un corpus de 36 adolescents francophones de North Bay (Ontario). A travers une analyse variationniste assistée par ordinateur et qui prend en considération plusieurs variables indépendantes d'ordre linguistique, prosodique et sociologique, on cherche à déterminer quels sont les facteurs qui contribuent à cette variation. On démontre que le français de North Bay suit en gros les mêmes tendances que les autres communautés francophones du Canada quant à la réalisation de ces variables: corrélations avec la classe sociale, conditionnement syntactique, syntaxique et phonologique (a l'exception du pronom il, ou le phonème qui suit n'a pas d'effet sur la variable). Cependant, on observe également que les taux de chute tendent à être moins élèves à North Bay qu'a Ottawa-Hull, par exemple, et qu'il n'y a pas de corrélation nette avec la classe sociale pour elle et pour les pronoms objets. De telles différences pourraient être attribuées aux conséquences du statut minoritaire des francophones de North Bay: restriction dans l'emploi du français et différents niveaux de maitrise de cette langue chez les locuteurs. Ainsi, pour les pronoms il(s) et les articles définis, les locuteurs dont la fréquence d'emploi du français est restreinte manifestent une tendance à effacer moins souvent le /l/ que ceux qui ne font pas l'objet d'une telle restriction linguistique. Par ailleurs, on constate une corrélation entre, d'une part, l'effacement du /l/ du pronom elle et des pronoms objets, et d'autre part, la dominance linguistique, les anglo-dominants laissant tomber cette consonne moins souvent que les franco-dominants. On explique ces résultats en termes d'une réduction sociolectale, les locuteurs les plus «assimiles» faisant montre d'un usage réduit des variantes vernaculaires. On trouve également que la variable de sexe est sans incidence sur l'effacement du /l/, ce qui montre une divergence dans la variation sociolinguistique de cette communauté minoritaire par rapport aux patrons "normaux" observe ailleurs. On observe que les locuteurs en douzième année tendent parfois à employer plus de variantes vernaculaires que ceux en neuvième. Ce résultat est sans doute attribuable au fait qu'ils sont plus à l'aise dans la situation d'une interview avec quelqu'un de l'extérieur. On se penche également sur la question des effets des variables temporelles de la parole, notamment la vitesse d'articulation, sur l'effacement du /l/ dans les articles définis, et on trouve que l'hypothèse selon laquelle les taux d'effacement seraient plus élèves dans un débit rapide est confirmée par les résultats.
Thème :
FrancophonesJeunesLinguistique
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